samedi 18 août 2012

"UN FLIC" (de Jean-Pierre Melville, 1972)


En quelques mots : Dans une station balnéaire déserte balayée par la pluie, quatre individus masqués dévalisent une banque. L'un d'eux est blessé mais ils parviennent à s'enfuir avec une grosse somme d'argent qui doit servir à financer un trafic plus important. Le commissaire Coleman (A. Delon) est chargé de l'enquête mais ignore encore que plusieurs de ses relations sont impliquées.

Alain Delon et les rôles de flics ... on pourrait y consacrer un mémoire de recherche et s'interroger sur ses apports au personnage dans le cinéma français. Dans ce polar assez classique, il campe un commissaire froid, silencieux et implacable, énième variation sur le même thème de son rôle du Samouraï (l'affiche y ressemble un peu). Seulement, à force de silences et de regards noirs, certaines répliques font presque involontairement sourire :
"S'ils ne comprennent pas le français dans 10 secondes, je vais leur parler une autre langue !" (Alain Delon)
Ce personnage annonce les caricatures grotesques des années 80, où Delon (comme Belmondo, dans un autre genre) se baladait avec des manteaux sombres et des flingues dans le pantalon en déclarant avec aplomb : "Faut pas réveillez un flic qui dort !"

L'intérêt, donc, de ce film policier est la mise en scène signée Jean-Pierre Melville, dont c'est le dernier film. Florence Moncorgé-Gabin fut scripte sur le plateau et offre un témoignage intéressant : Melville, dans sa mégalomanie, lui déclara "Avec ce film, je vais montrer à Monsieur Verneuil, qui vient de faire Le Casse, ce qu'est un vrai hold-up". Et de fait, cette séquence d'ouverture est très réussie.

Les rapports entre Delon et le réalisateur furent tendus, la star devant se laisser pousser les cheveux pour un prochain film, ce qui déplaisait à Melville, excédé de devoir attendre qu'il sorte de sa loge. Pour autant, rares sont les metteurs en scène à avoir aussi bien filmés Alain Delon, notamment la puissance de son regard qui, dans plusieurs scènes, est réellement fascinant. Dans le même temps, il semble parfois jouer à l'instinct, sans franche direction (le passage à la morgue où il cite du Vidocq) et apparaît quelque fois absent.

Le film tient ses promesses, malgré une séquence ferroviaire très datée (les maquettes sont risibles aujourd'hui, surtout celle de l'hélicoptère) et un affrontement Delon/Deneuve quasiment inexistant ; leur jeu tout en retenue s'annule au lieu d'être complémentaire. Loin des meilleurs Melville mais dans une lignée de bons films noirs, qui s'intéressent plus à l'humain qu'à l'action proprement dite (qui dans le cas présent n'est qu'un prétexte à filmer des personnages). Ainsi on trouve en toile de fond une jolie galerie de personnages secondaires.


J'avais détesté ce film la première fois, il y a quelques années, et je n'avais même pas été au bout, voyant dans Un flic un policier terne et franchement pénible. Cette deuxième vision améliore mon jugement mais j'ose croire qu'un certains nombre de cinéphiles doivent détester cette œuvre.

Extrait audio : "On fait un pari ?"


2 commentaires:

Robbin a dit…

L'un de mes Delon préféré tout simplement !!!

Robbin a dit…

et je ne comprends toujours pas pourquoi, c'est sans doute du à mon optimisme absolu ! :)

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