samedi 19 janvier 2013

"LE CHIEN JAUNE" (de Jean Tarride, 1932)

En quelques mots : A Concarneau. Après une soirée arrosée, un notable sort du bistrot, tente d'allumer un cigare et reçoit une balle dans le ventre quand il s'approche d'une maison abandonnée. Le commissaire Maigret, chargé de l'enquête, rencontrent les amis de la victime, lesquels découvrent le soir-même un mystérieux mot : A qui le tour ? La panique s'empare des habitants.

Le chien jaune est l'adaptation du roman éponyme de George Simenon, écrit et publié en 1931, et la seconde transposition à l'écran du célèbre personnage, la même année que La nuit du carrefour avec Pierre Renoir. Le roman, bien qu'assez simple, reste un très bon policier et garde son suspens jusqu'aux pages finales, aussi laconiques que le vieux Jules Maigret. C'est sûrement ce génie de la simplicité, du banal, qui accorde à l'auteur son immense succès, jamais démenti, et bien difficile à transposer au cinéma. D'ailleurs, les adaptations suivantes ne s'y trompèrent pas et proposèrent quelque chose d'autre : la fluidité des enquêtes teintées des caractères comiques des seconds rôles dans les Maigret avec Albert Préjean (Picpus, Cécile est morte), l'évocation sociale du Paris et de la France des années 1950 dans les Maigret avec Jean Gabin (Maigret tend un piège, L'affaire Saint-Fiacre). Tout le problème du Chien jaune est qu'il manque d'une ambition extérieure à l'intrigue policière - pas même celle du divertissement.



Claude Beylie et Philippe d'Hugues dans leurs Oubliés du cinéma français sont généreux concernant l'interprétation d'Abel Tarride (père du réalisateur) en commissaire Maigret, qu'ils jugent convaincante. Georges Simenon fut plus réservé quant à ce personnage mou ayant l'air d'un animal en baudruche. Si la stature silencieuse du comédien sied bien au policier, sa démarche tassée et ses airs gourds font de lui un inspecteur provincial tout ce qu'il y a de plus commun. Restent les seconds rôles, comme toujours, pour apporter un peu de vie à cette adaptation pâlotte, Robert Le Vigan en tête, hélas sous-exploité.



L'enquête du roman, pourtant intéressante et facile à adapter, est ramenée à une accumulation de scènes où le policier subit l'action au lieu de s'y intéresser, finissant par résoudre l'intrigue avec une incohérence dommageable - il est bien le seul à avoir compris quelque chose. La panique des habitants d'un village, l'image d'un chien comme annonciateur de la mort, le brouhaha des journalistes qui font du bistrot une salle de presse ne sont pas considérées dans le film, hélas. La mise en scène n'y fait rien, seules quelques jolies séquences extérieures et une tentative de restitution de l'ambiance brumeuse de l'univers Simenonien peuvent convaincre, à la limite.

Aucun commentaire:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...